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Maxence Alleno, parcours d'un diplômé au destin de champion !

Portrait de diplômé(e)

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12.15.2022

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( ©angelique_graphiste)

Il a le regard déterminé de ceux qui n’ont pas froid aux yeux et qui sont prêts à soulever des montagnes pour atteindre leurs objectifs ! Et quels objectifs ! Du haut de ses 26 ans, Maxence Alleno enchaîne les victoires : champion de France, champion d’Europe et deux fois champion du monde, le jeune boxeur ne s’est pas contenté d’exceller dans son sport et a trouvé l’énergie entre deux combats de mener un beau parcours de formation entre Polytech et l’IAE Nantes – Économie & Management. 

Rencontre avec un hyperactif passionné…

 

Bonjour Maxence, nous sommes fiers de vous compter parmi nos alumni ! Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours d’étude qui vous a mené jusqu’au Master Management de l’innovation ?

S’il y a un fil rouge dans mon parcours, ce serait d’avoir toujours fait des choix qui me permettaient de garder le champ des possibles ouvert. Après un Bac Scientifique en région parisienne, j’ai rejoint une prépa intégrée à Polytech Sorbonne, à ce moment de mes études je n’avais pas d’idée fixe sur le métier que je voulais exercer mais j’avais déjà une volonté de comprendre comment mécaniquement les choses fonctionnaient et cela depuis tout petit.  

A l’issue de ces deux années de prépa, je suis arrivé à Polytech Nantes en cycle ingénieur matériaux. Lors de ma dernière année j’ai pu me spécialiser en recherche et développement (R&D). C’est en 4e année, à la suite d’une présentation du Master Management de l’Innovation de l’IAE Nantes – Économie & Management, que je me suis lancé dans un double diplôme. J’ai trouvé ce cycle super intéressant à ajouter à ma formation pour avoir une casquette « management de projet » en plus de ma formation technique initiale. 

En 2019, j’ai donc fait ma dernière année de cycle ingénieur à Polytech en suivant en parallèle le Master 1 Management de l’Innovation (MI) à l’IAE. Une fois diplômé de Polytech, j’ai poursuivi mon master MI en alternance en rejoignant Queeny, une startup du groupe Marc&Betty, basée en Vendée. L’objectif de cette entreprise était de développer une application pour favoriser une activité physique plus régulière (en entreprise, dans les gares, les aéroports ou même à la fac…), un sujet qui forcément me parlait !

 

Après l’obtention de vos diplômes, quel est votre métier aujourd’hui ?

Je suis ingénieur matériaux, chef de projet chez Delta équipement. J’ai des missions diverses et variées, dans cette PME.  Je fais l’interface entre la production de pièces en 3D et l’équipe commerciale, lorsqu’il y a une demande de devis, j’aiguille le commercial sur toute la partie technique, sur la bonne technologie, le bon matériau à utiliser en fonction de la demande, la faisabilité du projet et à l’occasion, je peux échanger avec le client directement pour ensuite lancer le projet. Une fois celui-ci sur les rails, je m’occupe de la production des pièces. Il y a aussi une partie « étude » importante pour les projets plus poussés, je dois alors mettre tout en œuvre pour optimiser les process d’impression et la pièce en elle-même.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé vers l’ingénierie ?

J’ai toujours était un peu attiré par tout ce qui était technologie, sport mécanique, c’est quelque chose que j’adorais déjà quand j’étais petit, « Comment ont-ils pensé cette voiture de course ? Comment l‘ont-ils construit ? », j’étais fasciné par le travail technique. Beaucoup de choses au final qui touchaient à l’ingénierie sans en avoir vraiment conscience à l’époque !

Faire une prépa intégrée à Polytech m’a permis de rester ouvert en terme de débouchés. Après le lycée, je n’avais pas un projet encore défini, on est très jeune en seconde, a à peine 16 ans, il faut définir le parcours de sa vie, c’est compliqué ! Dans le cycle ingénieur à Polytech, je n’ai pas voulu me fermer dans une spécialité très pointue ou dans un marché de niche. J’ai toujours aspiré à avoir cette coloration interdisciplinaire, en optant pour le parcours ingénieur matériaux, je me disais que des matériaux il y en avait partout et que de ce fait ça ne me fermait aucune porte d’opter pour ce parcours.

Puis j’ai eu l’opportunité de rejoindre le master Management de l’Innovation. Cette formation me permettait d’avoir un autre regard sur le marché de l’innovation, de comprendre pourquoi les nouveaux produits en vente sur le marché fonctionnaient ou non et quels étaient les process mis en place pour assurer leur fonctionnement.

L’idée c’était de me dire : « Si je travaille dans une entreprise, si je suis amené à faire de la gestion de projet, comment puis-je gérer le projet jusqu’à son terme ». C’est comme cela que j’ai étoffé mon parcours. Dans les supers storytellings, j’aurais dit « depuis tout petit je voulais faire de l’impression 3D » mais dans la réalité, cela a été un processus, un cheminement qui s’est construit au fur et à mesure de mes expériences.

 

Que retirez-vous de votre formation à l’IAE Nantes – Économie & Management ?

Cette formation m’a permis de mettre des filtres dans certaines situations, de parvenir à prendre du recul et clairement, m’a permis de m’éloigner d’un profil purement technique et d’être plus polyvalent ! Je le vois tous les jours dans la PME où je travaille, dans les missions que j’énumérais toute à l’heure, il y en a beaucoup d’autres ! Par exemple, au besoin, je peux remplacer au pied levé des commerciaux, je peux participer à des salons, parler en public, autant de compétences que mon diplôme en Management de l’Innovation m’a aidé à développer. Grâce au Master MI je suis à l’aise pour porter plusieurs casquettes !

 

Justement est-ce-que l’entrepreneuriat fait partie de vos projets ?

Je l’ai toujours eu un peu dans un coin de ma tête car j’ai aussi eu une casquette associative durant mon cursus. J’ai participé à l’organisation du Gala de fin d’année, j’ai été président du Bureau des sports à Polytech… L’envie de gérer des projets, des équipes, a toujours été là. 

Le master Management de l’Innovation se marie d’ailleurs très bien pour ça avec une formation initiale. Dans ma promotion, il y avait des étudiants issus de filières techniques, médicales, c’était très varié. Grâce à l’outil « management » nous pouvions mettre des filtres et explorer des choses comme de la planification de projet, de la gestion des collaborateurs, nous avons exploré plein de domaines, cela ouvre véritablement l’esprit !

Il faut aiguiser sa curiosité et c’est ce que fait le master MI, avec ma promo nous avons découvert beaucoup de choses et c’était ensuite à chacun de creuser ensuite les notions vues en cours si nous le souhaitions. Avec ce master j’ai une palette d’outils en ma possession, je sais que telles ou telles choses sont possibles, à moi d’aiguiser ces outils pour m’en servir et aller plus loin.

 

En plus de votre parcours de formation et de votre carrière aujourd’hui, vous pratiquez la savate boxe française depuis 2004, est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur cette passion et votre pratique à haut niveau ?

Vers 7, 8 ans, j’étais hyperactif, mes parents m’ont mis au sport, d’abord le judo, mais je n’avais pas le physique ! Dans mon club, en région parisienne, il y avait des démos de boxe française, ma sœur s’y est mise et j’ai été très attiré par ce sport. Je m’y suis mis en dilettante, pour m’amuser au départ, puis mon coach de l’époque m’a invité à faire de la compétition et petit à petit j’ai monté les échelons et c’est comme ça que je suis arrivé à faire de la compétition de haut niveau.

A 8 ans je n’avais pas la notion du dépassement de soi, mais ce sport était un véritable défouloir, je rencontrais beaucoup de monde, il y avait une ambiance géniale. 

Au fur et à mesure, je sentais que je m’améliorais dans ma pratique, c’est ce que j’adore dans ce sport, c’est une éternelle remise en question, quel que soit son niveau ! Pourquoi gagne-t-on ? Pourquoi perd-on ? Il faut analyser ses matchs, on boxe avec des partenaires différents, il faut s’adapter en permanence, mettre des plans en place. Quand je sors d’un entraînement de boxe je suis lessivé mais j’ai besoin de cette fatigue, de pousser mes limites, d’aller toujours plus loin ! La compétition c’est génial, c’est aller chercher la victoire, c’est ce que j’adore et pour gagner on s’entraîne et on se dépasse !

 

Est-ce que votre pratique d’un sport à haut niveau est un atout sur le plan professionnel ?

Clairement oui ! Le sport m’a énormément apporté en gestion de stress, quand on se retrouve en finale ou demi-finale de Championnat du monde, il faut gérer son stress. Par exemple, s’il y a un round où l’on est dépassé par l’adversaire, il ne faut pas paniquer et parvenir tout de suite à se remettre en question : « Dois-je aller beaucoup plus vite, me donner beaucoup plus ou à l’inverse, dois-je temporiser pour tenir dans la durée ? ». C’est pareil dans la vie de tous les jours, il faut gérer chaque situation qui arrive, prendre du recul, réfléchir rapidement et prendre la bonne décision ! Je ne suis pas imperméable au stress mais je sais le gérer, il n’est pas forcément négatif, il m’apporte beaucoup de concentration. 

La persévérance est un autre atout lié à la pratique du sport à haut niveau, avant d’être champion du monde, il y a eu des échecs, parfois répétés à un même niveau de compétition, j’ai notamment perdu 4 fois d’affilées en demi-finale de Championnat de France, la 5e fois j’y suis arrivé car j’ai vraiment tout fait pour, il n’y a pas de secret le maître mot c’est : persévérance !

 

Trouvez-vous des points communs, des valeurs similaires, entre votre vie professionnelle, associative et votre vie d’athlète ?

Ce sont des univers qui se sont nourrit l’un l’autre. Dans ma vie personnelle, quand j’étais plus jeune, le sport m’a aidé à évacuer des choses quand c’était compliqué, si je vivais des périodes difficiles en cours, ma pratique du sport m’aidait beaucoup aussi. 

Quand on va avoir un projet à mener sur le plan associatif ou professionnel, on va planifier, on va faire telles actions pour tels résultats, on va établir des choses à mettre en place pour que cela fonctionne. Dans le sport c’est la même chose, dans le cadre d’une compétition il faut que je sois performant le jour J, j’élabore un calendrier d’actions, je réfléchis avec mon équipe quelle stratégie je dois adopter, il y a des « dead-lines » à respecter en l’occurrence pendant un championnat ce sont les combats, dans la gestion de projet, c’est le rendu client !

La persévérance est encore une fois un élément majeur et un point commun que je retrouve dans mes différentes « vies ». Par exemple, dans mon cursus recherche et développement durant mon cycle ingénieur, dans la recherche on ne trouve pas toujours les résultats, il faut aller les chercher, les tester, faire des essais, rater, recommencer, c’est exactement pareil avec le sport tant que vous n’avez pas le titre souhaité, vous recommencez, vous vous entraînez, vous allez le chercher !

 

A l’époque de vos études supérieures, comment arriviez-vous à concilier votre vie d’étudiant, en double diplôme de surcroît, vos engagements associatifs, votre vie d’athlète et personnelle ?

Je suis un hyperactif, je dois toujours m’occuper, même si des fois mon cerveau à besoin de se reposer et à ce moment je ne fais rien du tout, mais c’est rare ! Le plus important c’est de faire des choses qui nous plaisent, il y avait des cours qui m’intéressaient moins, dans lesquels je n‘avais pas des notes exceptionnelles, il fallait que je trouve le juste milieu entre le plaisir et l’obligation. Parfois, j’ai dû mettre entre parenthèse le sport au profit de mes études. En boxe française on ne peut pas gagner sa vie, on ne peut pas en faire sa profession, tous mes coachs m’ont poussé à faire des études, si le niveau scolaire n’était pas là on ne m’inscrivait pas en compétition !

 

Suivre un double diplôme et en même temps des entraînements et compétitions de boxe à haut niveau, ça ne doit pas être simple ! Techniquement comment ça s’articule ?

Je pense déjà que ce n’est pas donné à tous les sports, avec les sports collectifs où les créneaux d’entraînements sont contraignants, moi, en sport individuel, c’était plus simple. Je pouvais adapter ma préparation physique à mon emploi du temps et caler mes séances quand je le voulais. Les entraînements avec mon coach étaient le soir donc je n’avais pas besoin d’adapter mon cursus en terme d’horaires. Par contre, évidemment, je devais beaucoup plus travailler le week-end et dormir un peu moins la nuit ! J’ai testé en prépa et ça a fonctionné pour moi mais il faut aussi savoir qu’à Nantes Université c’est possible de faire son cycle en plusieurs années pour s’adapter à un emploi du temps de sportif.

 

Et aujourd’hui, est-ce simple de continuer votre carrière de sportif en parallèle de votre métier d’ingénieur ?

J’ai un employeur qui facilite grandement ma pratique, il me laisse m’absenter quand je dois partir en stage avec l’équipe de France par exemple, parfois pendant plus de 3 semaines. Mes collègues me soutiennent à 100%, lors du dernier Championnat du monde, en septembre, je devais gagner, ils ne m’ont pas laissé le choix ! : « Il faut que tu reviennes avec ta coupe ! ».

 

Justement qu’est-ce que ça fait d’être champion du monde de savate boxe française ?

C’est génial, c’est top ! 

Je l’avais déjà été en 2018 dans la catégorie des – de 60kg. J’ai également eu un titre de champion d’Europe en -65kg. Après la période du Covid, quelques blessures durant ma préparation et différents problèmes personnelles, je venais de passer une année forte, j’avais à cœur d’avoir ce titre ! Au-delà du titre, les circonstances dans lesquelles j’ai décroché ce titre lui donnent toute sa force ! Je n’ai pas de mot pour qualifier ce que cela représente de défendre sur le ring les couleurs de son pays, c’est une immense chance ! Si on m’avait dit en 2004 quand je commençais tout juste la boxe, que j’en serais là aujourd’hui, je ne l’aurais jamais imaginé, c’est un bonheur, on est heureux quand on a ce titre tout simplement.

 

D’après vous qu’est-ce qui fait la différence, c’est quoi l’état d’esprit d’un champion ?  

Avoir faim ! Vouloir réussir ! Des fois on monte sur le ring sans avoir envie de boxer... Par exemple en 2019, c’était mon premier combat juste après avoir été champion du monde, il s’agissait d’une qualification régionale (champion du monde ou pas, à l’époque tous les ans il fallait repasser les qualifications régionales), je venais d’avoir mon premier titre donc, je suis venu tranquille et bien j’ai perdu ! C’était le premier assaut, j’ai pris ma revanche en finale. Mais c’est pour dire qu’avoir la niaque, c’est incontournable, il faut vouloir gagner ! Lorsque je monts sur un ring, quand je me bats aux championnats du monde, je vise la place de champion du monde, le numéro 1, ce n’est pas un excès de confiance mais si j’y vais c’est pour aller au bout. 

L’un de mes coachs disait souvent cette phrase que je trouve très juste : « Même si vous n’avez jamais fait de tir à l’arc, quand vous en faites vous visez le centre » et bien en compétition c’est pareil, quand on fait le championnat du monde, il faut viser la place de champion du monde, sinon ce n’est pas la peine.

 

Pour terminer cet entretien, auriez-vous des conseils à donner à des étudiants qui seraient effrayés à l’idée de mener de front leur passion et leurs études ?

Croire en soi ! Sans croire en soi on ne peut pas performer, il faut croire qu’on peut le faire et surtout il faut essayer, tenter. Moi on m’a proposé d’être président du BDS, j’ai tenté même en parallèle du sport et des études. J’aurais pu échouer mais j’ai tenté. Mais surtout il ne faut pas oublier que les études c’est le plus important et qu’on a 95% de chance de gagner sa vie grâce à son diplôme et beaucoup moins de chance avec le sport. Quoi qu’il arrive continuez à performer et n’ayez pas peur de l’échec, tentez, si ça marche tant mieux, si ça ne marche pas tant pis, vous n’aurez pas de regret et vous pourrez toujours vous dire que vous avez essayé !


 Propos recueillis par Céline Mesnage

 


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